Quel futur pour la Photographie ?

Vision du futur

La question de l’avenir de la photographie ne date pas d’aujourd’hui. La technique était à peine âgée de plus de 50 ans que, déjà, certains se demandaient quelles en seraient les pratiques et les usages à l’aube du XXIe siècle.

C’est toujours un exercice amusant que de se plonger dans les prédictions publiées dans la presse. Et là, c’est le journal Les Annales de la Photographie qui nous en donne l’occasion. Dans l’un de ses numéros publiés en 1891.

Avec plus ou moins de clairvoyance et de clarté, le journaliste de cette publication nous plonge dans une image de la photographie, 100 ans plus tard, en 1991. Celui qui signe sous le pseudo Leono conçoit parfaitement par exemple que nos photos puissent un jour se partager facilement à l’autre bout du monde, via un « câble« …

Il imagine aussi que les appareils seront si perfectionnés qu’ils pourront traiter d’eux-mêmes et sélectionner les meilleurs clichés. Ou encore que le métier de photographe aura vraiment perdu de sa valeur. La pratique de la Photographie étant vraiment à la portée de tous…

Le billet est titré sobrement La photographie en 1991. Il vous est proposé ci-dessous quasiment dans sa forme d’origine. Seules des références trop datées ont été supprimées. La ponctuation a été adaptée par endroit également. Et des intertitres ont été ajoutés, dans le seul but de baliser la lecture sur écran.

N’hésitez pas à réagir en fin de texte si vous en avez envie. Merci d’avance pour votre participation.

Une prophétie : La Photographie en 1991

Que n’a-t-on écrit et discuté à propos de ce que nous appelons la pierre philosophale en photographie.

La Photographie en couleurs est-elle réalisable ? Hippocrate dit oui, mais Gallien dit non. Nous n’avons pas qualité pour intervenir dans le débat, mais nous estimons que le siècle du téléphone ne peut s’éteindre sans ajouter ce nouveau fleuron à sa couronne.

Dans tous les cas, au mois de juillet 1991 (…), la question sera résolue depuis longtemps. Nos arrière-neveux auront pour nos faibles moyens actuels, l’indulgente pitié que nous ressentons pour les soporifiques «pataches » de nos pères. Evidemment en l’an de grâce 1991, le métier de photographe, qui, déjà maintenant, ne vaut plus que de loin l’élevage des lapins, n’aura plus absolument de raison d’être.

La photographie fera partie de l’éducation de la future humanité. Depuis le premier jusqu’au dernier, chacun s’en servira pour les besoins les plus usuels.

On échangera sa photographie par câble

Evidemment, il serait téméraire de vouloir évoquer le degré de perfectionnement auquel sera porté alors l’outillage photographique. Les meilleurs instruments en usage à l’heure présente ne constitueront plus que d’ignobles rossignols que nos petits neveux retrouveront dûment catalogués dans quelque arrière salle du Musée de Cluny.

Dans cent ans, au jour de l’an, et par câble, on échangera sa photographie avec celle d’un ami fixé dans le voisinage du lac Tanganika. Ou bien, les pieds sur les chenets, on assistera à l’audition d’un opéra chanté à San-Francisco, tout en observant sur un écran la physionomie de la salle, le tout transmis par photogramme (Est-ce un néologisme ?).

Nécessairement les procédés de reproduction d’après cliché photographique auront atteint le summum de la perfection, de la célérité et du bon marché. Aussi, dans les journaux, la majeure partie des compte-rendus sera remplacée par la reproduction visuelle des événements arrivés dans le monde entier, et qui arriveront régulièrement avant l’heure de la mise sous presse.

Le portrait photographique au service de la petite annonce

La quatrième page des journaux sera un véritable album à portraits. Les sujets des deux sexes, confiants en leur mine avantageuse, s’offriront au choix des « bourgeois ».

(…)

On y relèvera des annonces dans le goût de celle-ci : « Fille de campagne, lait abondant (voir portrait) demande place. S’adresser à la Société anonyme des biberons de famille. » Et le lecteur à la vue de la plantureuse « nounou », ne pourra que regretter d’avoir dépassé l’âge de ce genre de…. consommation.

Plus loin une annonce ainsi conçue : « Industriel prendrait associé pour donner de l’extension à affaires très prospères. (Voir bilan). » En regard on admirera la reproduction de la page du bilan accusant des bénéfices mirifiques.

De temps à autre, dame Justice vulgarisera de cette façon la physionomie d’un caissier parti en villégiature, sans laisser d’adresse exacte.

De l’Hasselblad de la Nasa au téléscope Hubble

Dans le domaine scientifique, quels merveilleux résultats n’obtiendra-t-on pas grâce à l’emploi des appareils perfectionnés qu’on construira à cette époque. Nous savons aujourd’hui, nos savants astronomes nous l’assurent, que les planètes sont habitées. Dans cent ans, on s’en sera assuré depuis longtemps.

Des instantographes, en forme de torpille, seront lancés vers Saturne et Junon. Ils retomberont comme de vulgaires bilboquets recelant de fort intéressantes photographies prises dans ces régions éthérées.

Le principe du smartphone et des applis photo

C’est vers cette époque que surgira un inventeur qui se chargera du mot de la fin.

Celui-ci imaginera notamment un appareil qu’il ne s’agira plus que de remonter et lequel, automatiquement, prendra les vues…. qui lui paraîtront intéressantes. Il les développera, les fixera et en tirera un certain nombre d’épreuves. Ces dernières s’échapperont de l’appareil virées et… retouchées si besoin. Ce sera l’âge d’or de la photographie et des perfectionnements ultérieurs ne seront plus que très hypothétiques.

Après tout, qui sait.

LÉONO.

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