Le site de Palmyre est aujourd’hui au centre de conflits qui touchent la Syrie et le reste de la région. Les vestiges de l’Antiquité, classés au patrimoine mondial de l’Unesco, ont été, quelques années après l’invention de la Photographie, le sujet d’études et d’inventaires. Des photographes comme Felix Bonfils et Louis Vignes s’y sont arrêtés avec leur chambre pour immortaliser les lieux et leur histoire marquée dans la pierre.
A propos de Palmyre, Félix Bonfils (1831-1885) écrit ceci, en 1878, dans son recueil de photographies « Souvenirs d’Orient : Album pittoresque des sites, villes et ruines les plus remarquables de la Syrie et de la Côte-d’Asie » :
« Palmyre a été de tout temps, comme Balbek et tant d’autres villes ruinées de Syrie, un entrepôt naturel pour les marchandises qui venaient de l’Inde par le golfe Persique, et remontaient par l’Euphrate ou le désert, pour se répandre dans la Phénécie et l’Asie-Mineure. Le commerce dût y fixer, dès les temps les plus reculés, un noyau de population et en faire une place importante. Elle fut réduite en colonie romaine par Hadrien qui lui donna le nom d’Hadrianopolis et contribua beaucoup à son embellissement. Le nom de Zénobie est intimement lié à celui de Palmyre. Cette femme célèbre, était la veuve d’un riche habitant de la ville qui avait reçu le titre d’Auguste, en récompense des services par lui rendus aux Romains. Dévorée d’ambition, cette princesse conquit l’Egypte, et ses triomphes inquiétèrent Rome qui tourna ses armes contre elle. Elle fut vaincue par Aurélien, qui l’enchaîna à son char de triomphe. Cet empereur détruisit la ville en grande partie, et fit passer ses habitants au fil de l’épée. Palmyre est situé à la base d’une chaîne de collines crayeuses. On y remarque surtout le Temple du soleil et la grande colonnade composée d’environ 1500 colonnes corinthiennes de 18 mètres d’élévation, disposées sur quatre rangs et formant une immense avenue de 1200 mètres de développement, précédée d’un arc de triomphe et aboutissant à un magnifique tombeau. »
Louis Vignes à Palmyre en 1864
L’ancien militaire français, amiral de son état, part arpenter le Proche-Orient en qualité d’assistant auprès du duc de Luynes, archéologue et collectionneur d’art. Louis Vignes (1831-1896) réalisera plusieurs photos de Palmyre dont ce panorama au tirage médiocre. Malgré tout, ces photos sont d’autres témoignages d’un lieu déjà identifié à l’époque comme exceptionnel dans l’histoire des civilisations.
Albums-souvenirs personnels de Palmyre
Vers la fin du XIXe siècle, et tout au long du XXe siècle, l’engouement de la photographie aidant, des touristes et des missions étrangères se sont aussi succédé à Palmyre pour admirer et photographier les ruines qu’ils avaient peut-être vues pour la première fois en regardant les clichés de Bonfils et de Vignes. Ils ont immortalisé leurs visites et en ont fait des albums, sans se douter que leurs photos seraient précieusement archivés par des institutions comme la Bibliothèque du Congrès, à Washington, le Nationaal Archief à La Hague ou le Rijkmuseum, à Amsterdam.