C’est un nouveau regard sur la vie en France durant la seconde guerre mondiale que nous propose Cécile Desprairies. Cette philosophe, germaniste de formation, vient de publier le livre Sous l’œil de l’occupant ou la France vue par l’Allemagne de 1940 à 1944. Un recueil édifiant sur la photographie de propagande.
La lecture du livre album Sous l’œil de l’occupant se fait en deux temps. D’abord, comme n’importe quel livre de photographie, on le feuillette pour porter son propre regard sur ces photos d’un autre temps. Des photos d’un autre œil aussi, puisqu’il ne s’agit pas ici de photographies diffusées par Vichy, mais bien par les services de propagande nazie. On a là sous les yeux l’interprétation, la mise en scène d’une occupation idéale et idéalisée.
Ensuite, on s’arrête sur chacune des explications détaillées et formatées de Cécile Desprairies. L’auteur a eu cette bonne idée d’analyser chaque cliché selon une seule et même logique. Ce que la propagande voulait montrer à l’époque, et ce que l’on peut en lire aujourd’hui.
L’éditeur Armand Colin présente sur son site quelques pages du livre de Cécile Desprairies. Il permet de se faire une première idée du travail d’analyse pointue réalisée par l’auteur. Mais pour aller plus loin, je vous recommande également l’article Ces clichés glaçants de la France vue par la propagande nazie publié par Rue 89. Cinq photos prises en exemple sont commentées par Cécile Desprairies en personne. Où elle nous démontre notamment que chaque détail a son importance et peut trahir une photo. Même de propagande.
Bien qu’il soit centré sur la seconde guerre mondiale, ce livre illustre parfaitement tout le poids accordé à la photographie de propagande. Car en période de guerre ou sous une dictature, on appelle bien ça de la propagande. En démocratie aujourd’hui, on parle plutôt de communication. De quoi nous inciter à regarder les photos officielles avec un œil plus aiguisé…