Description
C e face-à-face avec cette grande Nana serait pour le moins étrange et surréaliste si on ne resituait pas le contexte de cette photographie. En fait, cette scène fait partie intégrante du film Femina Ridens. Film italien sorti en 1969, sous le nom The Laughing Woman aux Etats-Unis, comme indiqué dans le cartouche de ce tirage d’époque.
Le long métrage, réalisé par l’Italien Piero Schivazappa, raconte l’histoire d’un entrepreneur empêtré dans ses tourments sexuels à tendance sado-masochiste. Le jeu de domination-soumission engagé avec l’une de ses salariés finira par lui être fatal. C’est alors dans les derniers instants du film qu’il se voit confronté à la grande Nana de Niki de Saint-Phalle.
Le personnage de la Nana est une figure d’expression emblématique pour l’artiste franco-américaine. Niki de Saint-Phalle façonnera plusieurs de ces femmes aux allures girondes et colorées, dès 1965.
Cette grande Nana du film Femina Ridens en fait partie donc. Mais c’est œuvre est à considérer comme une reproduction d’une œuvre originale, gigantesque, créée et exposée en Suède, en 1966.
Nana Elle en français, Nana Hon en suédois
Cette année-là, Niki de Saint-Phalle donne vie à Elle, avec l’aide de son compagnon Jean Tinguely et l’artiste finlandais Per Olof Ultvedt. Cette Nana aux mensurations extravagantes – 23 mètres de long pour 6 mètres de haut – est construite en un peu plus d’un mois au sein même du Moderna Museet, à Stockholm.
Elle –Hon en suédois- est le point central d’une exposition organisée par l’établissement, durant tout l’été 66. Les visiteurs découvrent alors cette Nana comme le fait le personnage principal de The Laughing Woman sur cette photographie.
Ils sont invités à y pénétrer entre ses cuisses, par son sexe béant. Pour y découvrir en son sein, plusieurs activités et œuvres artistiques.
Pour le Dr Sayer, personnage du film, c’est un tout autre parcours qui l’attend. A l’issue destructrice. Comme la grande Nana originale de Niki de Saint-Phalle, détruite à la fermeture de l’exposition au Moderna Museet.
Revoir Elle dans Femina Ridens trois ans plus tard s’apparente à une résurrection, le temps d’un film. Sans que l’on sache vraiment si, pour cette Nana là, telle était la réelle intention de Niki de Saint-Phalle…