Documerica est un projet photo ressorti des cartons des archives nationales américaines. Si l’objectif de départ était principalement de porter un regard sur l’impact du développement sur l’environnement dans les années 70, le travail photographique réalisé constitue aujourd’hui un précieux portrait des Seventies et de l’évolution de la société américaine à cette époque. Au point d’en faire, plus de 40 ans après, le thème d’une exposition.
Les plus chanceux pourront voir Searching for the Seventies: the Documerica Photography Project et ses 90 tirages jusqu’au 8 septembre 2013, dans le bâtiment des archives nationales américaines, à Washington. Les autres, la grande majorité, pourront profiter des avantages du Net pour consulter quasiment l’intégralité du fonds Documerica sur Flickr. Une collecte riche de quelque 22 000 clichés commandés entre 1972 et 1977, au cœur même des Seventies, par l’EPA, l’Agence de protection environnementale américaine.
A l’époque, il s’agissait de constituer un outil de référence visuel qui permettrait de mesurer les évolutions et améliorations (toutes relatives aujourd’hui) portées à l’environnement. Ainsi, 70 photographes, parmi lesquels David Falconer, Charles O’ Rear, Tom Hubbard ou encore Eric Calonius, ont été mandatés pour parcourir le pays et capturer tel ou tel paysage, telle ou telle installation, tel ou tel quartier. Mais pas seulement !
Le responsable de cette exploration photographique, Gilford Hampshire, a aussi demandé à « ses » reporters d’intégrer le facteur humain dans leur viseur. De telle façon à porter un regard également sur les modes de vie, le comportement et l’évolution des uns et des autres dans leur environnement.
Le résultat, c’est donc cet imposant album photographique classé par auteur, numérisé, et publié sur la page Flickr des archives nationales américaines. Sur le fond, c’est un panorama très complet dans des temps qui ne sont pas si lointains finalement, tout du moins pour une génération de quadras comme la mienne…
Sur la forme, les couleurs des clichés marquent incontestablement l’esprit seventies. On y retrouve d’ailleurs, selon les sujets, l’atmosphère chromatique du film de Michael Cimino, Voyage au bout de l’enfer. Et cette signature n’est pas sans rappeler d’ailleurs cette autre patte très particulière des photos commandées 30 à 40 ans plus tôt par la Farm Security Administration et l’Office of War Information américains. A chaque époque, ses couleurs.