C’est un retour aux sources, aux gestes d’antan que nous propose le photographe américain Dan Carillo et celui qui l’a filmé dans son laboratoire à Seattle, Patrick Richardson Wright. Quatre minutes d’une vidéo qui résume les 7 étapes de production du daguerréotype, de façon presque identique à celles appliquées il y a plus de 150 ans.
Ces 7 étapes de fabrication d’un daguerréotype, c’est un vrai parcours d’initié ! Car si ce procédé, point de départ du développement de la photographie, a connu un rapide succès commercial dans les années 1840, il requiert un réel savoir-faire. Artistique bien sûr, mais aussi technique de par la manipulation et le dosage des produits utilisés.
C’est à l’occasion d’un atelier de formation que Dan Carillo est tombé dans le bain du daguerréotype. A l’heure où la majorité des photographes parlent et voient numérique, que d’autres se laissent séduire par les reflets de l’argentique, Daclotype –comme il se surnomme sur Twitter– se laisse aller lui à la lenteur du geste primitif de la photographie. Entre l’artisanat et le métier d’art.
Comme il le dit -de façon pas très audible- dans le film de Patrick Richardson Wright, Dan Carrillo aura mis pas moins d’une année pour maîtriser la technique du daguerréotype, étape par étape. Le temps de parfaire les gestes, d’améliorer le matériel, et de maîtriser la manipulation et le dosage des produits chimiques.
Du polissage au séchage
Les premiers gestes de fabrication du daguerréotype passent par le polissage de la plaque, à l’aide d’abrasifs de plus en plus fin. Une plaque polie comme un miroir, constituée d’un fond de cuivre, et recouverte d’une fine couche d’argent.
Vient ensuite la sensibilisation de cette couche d’argent en la soumettant à des vapeurs d’iode. On obtient ainsi de l’iodure d’argent que l’on expose à des vapeurs de brome pour accentuer la sensibilisation. C’est ce que fait Dan Carillo quand on le voit insérer sa plaque dans une boîte en bois hermétique.
L’utilisation du brome, ou parfois du chlore, permet d’abaisser le temps de la pose à quelques secondes seulement. On le voit dans le film, au moment de la pose, Dan Carillo glisse ensuite dans la chambre, sa plaque protégée de la lumière par un cadre, lui aussi parfaitement hermétique.
Une fois la marque du sujet imprimée sur la plaque par l’effet de la lumière, vient alors la révélation de l’image, le développement. D’une durée de 3 à 5 mn environ, il se fait à l’aide de vapeurs de mercure, chauffé entre 75 et 90 degrés. Combinées à l’iodure d’argent, ces vapeurs forment un amalgame plus ou moins important sur la plaque, en fonction de la dose de lumière reçue ici ou là.
Une protection en or
Cinquième étape de fabrication d’un daguerréotype : le fixage. Il se fait par une immersion de la plaque dans un bain de chlorure de sodium. Rincée à l’eau, cette même plaque passe ensuite au virage à l’or pour une meilleure résistance aux frottements et un contraste plus marqué.
Une solution contenant du chlrorure d’or est répandue sur le verso de la plaque, tandis que le recto est chauffé à la flamme pour faciliter le dépôt d’une fine pellicule d’or sur l’image. C’est cette pellicule qui permettra de protéger un peu mieux l’image des mauvaises manipulations, même si le daguerréotype reste une épreuve très fragile.
Enfin, dernières étapes de la fabrication : le lavage et le séchage. C’est alors que l’on peut admirer le résultat final. Selon que la sensibilisation a été plus ou moins travaillée lors de la fabrication, le daguerréotype présentera un contraste plus ou moins marqué et des détails plus ou moins fins.
Le modèle photographié par Dan Carillo semble ressortir avec beaucoup de finesse sur l’un ou l’autre des daguerréotypes réalisés. Chacun de ces daguerréotypes est d’ailleurs unique. Car, rappelons-le, le daguerréotype fait partie des positifs monochromes directs.
C’est une image positive réalisée au moment même de la prise de vue. Un peu comme une photo numérique. Avec cette différence : elle ne peut être reproduite à l’infini et reste très vulnérable à l’épreuve du temps et des manipulations.
Quelques points de repères sur le daguerréotype
Inventeur : le français Louis Jacques Mandé Daguerre met au point le procédé en 1835, après 8 ans de recherches en collaboration avec Nicéphore Niepce, qui décèdera en 1833.
Commercialisation : le daguerréotype est amélioré et officiellement présenté en 1839. L’état français achète le brevet, le met à disposition du public dans le monde entier. Le daguerréotype sera utilisé alors à échelle industrielle pendant une dizaine d’années, en Europe et aux Etats-Unis. il sera concurrencé par d’autres procédés comme le ferrotype et l’ambrotype.
Format : le format d’orgine d’un daguerréotype est de 16,2×21,6 cm. Ce que l’on appelle les pleines plaques. Des plaques plus petites ont aussi été produites en nombre au format 7×8 cm.
Quelques daguerréotypistes célèbres : Marc-Antoine Gaudin, Charles Chevalier, Jules Dubosq, Jules Itier, Alphonse Plumier, Victor Plumier, Noël Paymal Lerebours, Henri Ziegler et bien d’autres…
2 replies on “Daguerréotype : méthode de fabrication d’hier et d’aujourd’hui avec Dan Carillo”
Photo Memory
Bonjour,
Il faudrait poser la question directement à Dan Carillo, sur son site. Cet article ci-dessus ne fait que présenter son initiative. Nous n’avons pas nous-mêmes essayé de réaliser un daguerréotype.
Merci de nous lire, et n’oubliez pas de nous suivre sur Facebook (https://www.facebook.com/photomemory.eu) et sur Twitter (https://twitter.com/photomemory).
Stéphan
weber
Est-il possible d’en réaliser un moi-même alors que vous avez mis environ 1 an à vous perfectionner, or moi je suis un étudiant !!?